Je suis rentré. Si vous ne le saviez pas, je suis parti de DDU le 15 décembre, il y a tout juste un mois, pour dix jour de voyage pour arriver à la maison le 24 décembre au soir, juste à l'heure pour le repas du réveillon.
Le départ a été avancé par rapport au calendrier initial, comme bien souvent. Nous avons eu la chance d'embarquer sous le soleil, après les derniers adieux sur le quai et la haie d'honneur. Beaucoup de monde était présent pour nous souhaiter un bon retour. Je ne me suis pas trop attardé, j'étais content de monter sur le bateau après avoir tourné en rond les deux derniers jours. Un petit tour dans nos cabines suivi d'un exercice de sécurité, à 18h30, c'était l'heure du départ. Naviguer sur une mer parfaitement plate, au soleil, entre les icebergs près desquels nous marchions quelques mois plus tôt était magnifique. L'arrivée un an plus tôt et le départ, tous les deux avec des conditions climatiques parfaites restent de très bons souvenirs.
Au revoir |
Le lendemain, après avoir passé traversé les derniers morceaux de glace, la mer a commencé à se creuser. Et le bateau a commencé à bien bouger. Lors de l'exercice incendie, j'étais pas loin de rendre le repas du midi. J'en ai donc profité pour me coller un patch anti mal de mer derrière l'oreille. C'était assez efficace, mais on a droit à la bouche sèche et des somnolences en contrepartie. Tant mieux, j'ai pu me faire des grandes siestes pour passer le temps. Au bout de deux jours, je ne ressentais plus aucun symptômes du mal de mer et la croisière s'est mieux terminée.
Avant la grosse mer |
Mais les six jours ont tout de même été longs, il n'y a pas beaucoup de choses pour s'occuper. Nos journées consistaient à manger, dormir, regarder des films et jouer à la belote. Les hivernant de Concordia qui rentraient avec nous ont organisé des conférences pour présenter leurs travaux et la vie sur leur base. C'était intéressant de pouvoir comparer. Je me dis que jamais je ne pourrai hiverner un an là-bas, la faune, les promenades, le soleil me manqueraient trop.
Une soirée a également été consacrée à un blind-test musical, en équipe, pour occuper tout le monde, marins et passagers.
Nous avons eu droit à une visite de la salle des machines, assez impressionnante. Des moteurs et de la production d'eau, comme à la centrale de DDU, mais en largement plus moderne. Normal, le bateau date de 2017. Mais il consomme tout de même entre 18 000 et 25 000 litres de fioul par jour.En chemin, nous avons eu l'immense chance de croiser un groupe de 5-6 orques. Ils étaient à une centaine de mètres sur le devant du bateau. Le pilote a ralenti pour que tout le monde puisse les admirer. L'observation d'orques est rare pendant une traversée. Et un peu plus tard, nous avons appris qu'il s'agissait d'orques subantarctiques (type D), observés moins d'une dizaine de fois dans le monde depuis leur découverte. Une sacré chance.
Par contre, nous n'avons pu voir les concurrents du Vendée Globe. A quelques heures près, nous aurions pu croiser un de ces bateaux de course. C'est dommage.
Orque subantarctique |
Après six jours à ne voir que la mer à perte de vue, la Tasmanie à l'horizon a signé la fin de notre isolement. Bateaux, avions, voitures, mouches, réseau téléphone, retour à la réalité. L'odeur des eucalyptus et la chaleur étaient incroyables. A ce moment, j'étais vraiment déçu de ne pas pouvoir profiter de ce passage à l'autre bout du monde pour prendre quelques semaines.de vacances.
Une journée entière à attendre au mouillage dans la baie, c'était l'occasion d'un barbecue sur le pont arrière. Puis direction le port pour se mettre à quai, l'occasion de nos premiers contacts avec un monde masqué. Nous n'avons pas le droit de sortir, le masque est obligatoire sur le bateau... Au moment de notre arrivée, les infos nous apprennent que le Covid est arrivé en Antarctique, sur une base chilienne... Les australiens sont moins content de nous voir arriver. Même si nous savons que nous n'avons aucune d'être infecté (les chiliens sont à des milliers de kilomètres de DDU et nous n'avons pas de liaisons avec eux). Ce sera donc test PCR pour tout le monde avant de prendre le bus et l'avion. De toute façons, nous aurions eu besoin d'un test pour rentrer en France.
Terre, terre... |
... et chaleur! |
Ensuite c'est un enchaînement d'avion Hobart->Sydney->Qatar->Paris. Nous avons eu la chance qu'ils soient peu remplis pour dormir assez confortablement. Un dernier au revoir à Paris, moins émouvants qu'à DDU puis le train jusqu'à la maison, pour boucler cette année.