lundi 14 décembre 2020

Retour à la maison

Le bateau est à quai depuis une petite semaine. Le travail de déchargement des conteneurs et du fioul a été achevé samedi. Ce week-end était donc plus calme pour tout le monde. Les marins ont pu profiter de quelques jours de repos pour descendre à terre, certains n’étaient pas sortis du bateau depuis leur départ de la Réunion, en septembre dernier.

 Depuis samedi soir, je suis également en vacances. On en a profité pour fêter une dernière fois tous ensemble, et du dimanche ensoleillé pour un pique nique au bord de l’eau, en petit comité. Au soleil, +4°c, sans vent avec les manchots adélie qui nageaient à nos pieds, l’après-midi fut confortable.

Lundi matin, les spéculations allaient bon train pour savoir notre date de départ. C’est donc officiel, nous embarquons aujourd’hui à 14h30, pour un départ du bateau ce soir ou demain matin. Pour six jours de bateau, vingt-quatre heures de vol et quatre heures de train. Arrivée prévue le 24 au soir à la maison. 

 

Hier, nous avons enfin fini et accroché notre tableau de mission, marquant notre passage dans ces lieux. Une très belle œuvre collective : Julien pour la conception et le mécanisme, Pascal G. pour la marqueterie, Valentin pour les photos et tout le monde pour le reste (finition, collage, motivation !, ponçage, impression…).

  

 

J’ai pu aussi voir partir les derniers petits manchots empereurs, ceux que nous avons vu grandir au fil des mois.

 Je ne suis pas spécialement content de partir de cet endroit incroyable mis je suis très heureux de rentrer à la maison !

J’étais venu ici avec un certains nombres d’envies et d’objectifs et je crois les avoir tous remplis. Je pense que le terme « mission accomplie » est de circonstance. Le retour est plus facile dans ces conditions.

A bientôt en France.

dimanche 6 décembre 2020

Un an

 

6 Décembre. Voilà déjà un an que je suis arrivé ici, en Antarctique. L’heure n’est pas encore au bilan puisqu’il me reste une dizaine de jours de présence sur base avant de reprendre le bateau.  L’Astrolabe est parti vendredi d’Hobart, arrivera mercredi ou jeudi, pour rester une semaine à quai, avant de me ramener à la « vie normale », en compagnie de six de mes co-hivernants et des hivernants de Concordia qui arrivent dans les prochains jours en avion.

Je ne suis pas mécontent de partir. Depuis le départ d’une partie de la TA70 et l’arrivée de la TA71, je me sens moins à ma place ici. Je suis moins motivé par les rencontres, les discussions mais j’en profite toujours pour admirer les paysages qui restent incroyables comme au premier jour. 

 Côté travail, je ne m’ennuie pas du tout. Je travaille maintenant à la rénovation du « hangar bleu ».   Nous refaisons le bardage et la couverture de cet atelier/stockage pour les véhicules.  Les tôles sont abîmées par les engins de déneigement et les conditions climatiques. Il faudra d’ailleurs lui trouver un nouveau nom, puisque sa couleur va passer de bleu à gris.

Je passe donc mes journées à travailler avec une disqueuse, un marteau piqueur ou à brasser de la ferraille. Le travail est un peu moins fin que la fabrication de meubles… Je ne ferai pas ça toute ma vie mais l’équipe est bonne. Je serai sur ce chantier jusqu’à la fin de mon séjour.
C’est bien sûr un travail en extérieur, donc exposé aux conditions climatiques. Même si je me suis bien endurci pendant cette année, la première semaine de travaux à travailler sur un toit avec 60 km/h de vent et des températures légèrement négatives n’était pas très agréable. Heureusement, le soleil et la chaleur sont revenus. Mais maintenant, avec les températures positives, nous pataugeons dans un mélange de fiente de manchot et de neige fondue.  Je vous épargne l’odeur.

  

Le lendemain du départ du bateau, juste après la débâcle, j’ai pu également voler en hélicoptère pendant 30 minutes pour aider Alexis et Camille, du programme 109. Ils devaient effectuer un comptage des manchot Adélie sur tout l’archipel. Mais les îles Fram, Ifo, Hélène, Pasteur et Curie sont maintenant les pieds dans l’eau. Ils ont donc opter pour un comptage photographique. Je notais les séries de photos entre chaque île pour ne pas se perdre dans les fichiers. J’ai pu donc en profiter pour admirer les plaques de banquise qui partaient au large, les îles sur lesquelles nous marchions quelques semaines auparavant,  les couleurs incroyables de l’eau…

 

J’ai aussi eu la chance d’aider les ornithologues pour le transpondage de poussins manchots empereurs. Leur missions sur la semaine était d’en marquer trois cent. Nous en avons fait soixante en une journée. Le but était de les mesurer, peser, marquer avec une puce, effectuer une prise de sang avant qu’ils ne partent en mer. c’était incroyable de pouvoir enfin les porter et les toucher après un an à les voir de près. Allongés sur nous le temps des mesures, on pouvaient sentir leur odeur de poissons et ressentir leur force et leur plumage dense.

C’était assez physique, puisqu’ils pèsent entre quinze et vingt kilos, et que surtout ils donnent de violents coups d’ailerons. Le port du masque de ski était vivement recommandé, pour se protéger. Je me suis pris plusieurs coups dans le nez, ce n’était pas très agréable. Ainsi qu’une griffure sur le bras, ce sera ma blessure de héros polaire.

Nous pensions fort à nous co-hivernants partis sur R0 qui n’ont pas pu participer à cette manip,  avec leur départ rapide, ils n’ont pas pu en profiter.