vendredi 23 octobre 2020

Dernières semaines d'hivernage

Dans environ dix jours, le premier avion devrait arriver pour nous réveiller de notre long hiver et sonner le début de la campagne d'été. Mais pour que l'avion puisse arriver de la station Mario Zucchelli, il faut un "aéroport". Enfin plutôt une piste praticable de 1200 mètres par 80 mètres, une station météo et quelques éléments de sécurité. C'est pour cela que cette semaine, nous sommes retournés à D10, à dix kilomètres au sud ouest de la base, sur le continent pour réinstaller ce que nous avions démonté en février dernier. Une bonne occasion de profiter de la magnifique vue sur l'archipel depuis les hauteurs. 

Vue de la base depuis D10
 

Nous avons commencé mercredi avec Alain.D, en partant avec le Kubota, et le traineau pour amener tout le matériel nécessaire. Il a fallu une heure de trajet pour rallier la piste. La neige, l'attelage, le petit moteur et les 250 mètres de dénivelé n'ont pas aidé... Une fois en haut, nous avons balisé la piste à l'aide du GPS, planté des drapeaux tous les 100 mètres en bord de piste, déchargé le matériel.

Je plante mon drapeau

 Pour aller à D10 le jeudi et installer la station météo, nous avions besoin du Challenger avec la grue et du Kässbohrer. Il n'y avait que Corentin qui était disponible pour conduire les véhicules, c'est comme cela que j'ai été promu conducteur d'engin après une formation de dix minutes. Je me suis retrouvé au volant d'une dameuse de plus de 300 chevaux pour qu'avec Alain.D, Michel et Antoine, nous puissions monter le mât. Heureusement je n'avais pas à gérer la lame devant mais seulement à faire avancer l'engin. Dans ces conditions la conduite est facile, il n'y a pas de vitesses à passer puisque tout est hydraulique.
Arrivé sur place, le shelter "terminal international" a été remis à sa place avec à ses côtés, la base en acier du mât. Ensuite pendant que certains assemblaient le poteau et montaient l'anémomètre, d'autres on creusé huit trous jusqu'à la glace pour les haubans de maintien et planté des pieux à la masse. Puis est venu le temps de dresser le mât et de régler le niveau avec des sangles à cliquet. C'était compliqué avec quatre personnes qui tirent chacun de leur côté avec pour consigne de ne surtout rien faire tomber. Le mât est en résine et est sécable en cas de contact sortie de piste d'un avion.


 
Montage du mât

Pendant que Michel et Alain, nos deux techniciens météo peaufinaient l'installation, avec Antoine nous sommes allé modifier l'emplacement d'un poteau de bout de piste d'avion. Ce sont des poteaux permanents en métal, situés à chaque angle de la piste pour retrouver la zone chaque année. Comme ils sont plantés dans la glace, ils bougent chaque année de quelques mètres. C'est pour cela que nous en avons déplacé un. Il nous a donné du fil à retordre, il a fallu enlever la couche de neige puis creuser la glace autour avec la tarière pour pouvoir le remettre à sa place. Avec les températures bien plus fraîches qu'à DDU (Altitude+vent+sur le continent), j'allais me réchauffer les mains sur le pot d'échappement du Kassbohrer!

Pendant ce temps là, Corentin a dégagé les traineaux de fûts de kérosène et est allé chercher un autre Challenger, avec un attelage trois points, pour utiliser le "groomer", sorte de herse cassant les mottes de neige et damant la neige. Il a passé le reste de l'après-midi à tourner en rond sur la piste accompagné de Michel, qui s'est désigné pour rester avec lui en cas de problème. Et aujourd'hui c'était mon tour de servir d'accompagnateur. Car il faut faire plusieurs passages pour parfaire la surface de neige. Il y aura donc encore plusieurs séances la semaine prochaine, à faire des allers retours pendant la demi-journée, tel un agriculteur labourant son champ. 

Groomage de la piste

Le reste de la semaine a été animé par Alexis, ornithologue-écologue organisant le comptage et le transpondage des phoques sur tout l'archipel.
Dimanche, je suis sorti avec Charlène et Cédric pour recenser les individus dans la zone autour de la base. En début de journée nous avons vu notre premier bébé phoque avec sa mère aux alentours du glacier, dans la même zone que j'étais la semaine précédente puis nous n'avons plus rien vu jusqu'à la toute fin de sortie où au détour d'une île, nous avons trouvé trois adultes et un autre bébé. Il y avait même un autre phoque qui a sorti son museau pour pour respirer dans l'eau libre de la rivière.
Et demain dimanche, je repars compter dans une autre zone, assez éloignée et où je ne suis jamais allé, l'Île Hélène et le cap Géodésie. Après cette balade, je crois que j'aurais vu tous les endroits accessibles en hiver, un de mes objectifs en venant ici. 

Avec tout cela, mes chantiers n'avancent pas très vite, même s'il ne me reste pas de gros travaux urgents.

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