dimanche 22 décembre 2019

Déjà deux semaines sur la base

Ma première semaine n'a pas été de tout repos: après un accueil à la sortie de l'hélicoptère, nous sommes guidé vers nos chambres que je partage avec Raphaël, mon prédécesseur. Avec l'équipe technique, nous faisons une visite rapide de la base avec Alain, notre chef technique qui connait les bâtiments comme sa poche. Le soir, rendez vous au séjour, pour le repas et la soirée de bienvenue, en se modérant: l'on travaille le lendemain.
La base sur son caillou
Au lit, je m'endors facilement malgré l'excitation, le soleil de minuit. Au milieu de la nuit, je me lève, j'ai l'impression d'être alcoolisé dans le couloir, tout bouge , le mal de terre mettra deux jours à passer.
Le lendemain, samedi, rendez-vous au bureau technique à 8h, ce sera comme cela tous les jours de la campagne d'été. Je passe ma journée avec Raphaël: il m'explique le fonctionnement global de la base, me fait découvrir l'atelier et les machines, me fait découvrir d'autres bâtiments, me présente les chantiers en cours et mes futurs collègues présents pour l'été. Je travaillerai avec un charpentier et un autre menuisier. La journée est intense et il est difficile de retenir les noms des personnes, des lieux, la disposition de la base, tous les nouveaux (dont moi) sont perdus. Enfin de journée, tout le monde se retrouve au séjour pour une petite soirée, qui se trouvera être malheureusement la dernière que les missions TA 69 et TA70 passeront en commun sur la base.
Le dimanche matin, qui n'a exceptionnellement pas été un jour chômé, à la réunion du bureau technique, nous apprenons que les hivernants sortants quitteront la base en fin d'après-midi. C'est un peu le choc sur la base. Comme l'Aurora Australis a été déchargé efficacement, et que le trajet vers l'île Macquarie est prévu avec une météo se dégradant de jours en jours, les australiens veulent partir le plus vite possible.
Nous passons notre journée à décharger, transporter et ranger le contenu de caisses amenées par hélicoptère. Il y a des vivres, des outils, des matériaux, des livraisons pour les différents laboratoires... Le rangement nous permet de nous familiariser avec les bâtiments de la base.
Une partie des caisses à vider
Puis arrive 16h, tout le monde se retrouve pour se dire un dernier au revoir. Le moment est assez fort, surtout pour les hivernants sortants qui n'ont eu que peu de temps pour faire leurs adieux aux campagnards d'été et aux derniers "survivants" de la 69 qui prolongent leur séjour de quelques mois. La base se vide ensuite petit à petit, rythme des rotations d'hélicoptère. Puis le bateau part sans tarder dans la soirée.
Un des derniers vols hélicoptère sur l'Aurora Australis
La passation aura été très, voire trop rapide pour tout le monde. J'ai de la chance que mon métier ne soit fondamentalement pas différent en France ou en Antarctique, et de pouvoir bénéficier des conseils des campagnards d'été qui ont beaucoup plus d'expérience sur ce terrain que moi. Mais pour d'autres personnes, surtout les scientifiques qui devaient avoir jusqu'à un mois de passation, les débuts sont beaucoup plus difficiles.
Comme nous avons bien travaillé la veille et que le coup de bourre logistique est passé, le lundi est décrété "férié". J'en profite pour prendre possession de ma chambre, de ranger quelques affaires et de la décorer un peu, de redécouvrir à tête reposée mon atelier et de me balader un peu sans m'éloigner de la base. Je prend le temps d'apprécier le paysage et j'essaie de réaliser où je suis: la quantité d'animaux, la mer, la banquise, le glacier derrière la base, tout est hallucinant.
Le travail recommence le mardi. Je continue à ranger des colis et des vivres puis nos malles d'affaires personnelles. Le lendemain, je suis envoyé dans un conteneur frigorifique servant de rangement sur la base, pour démonter un caisson fond qui contenait le groupe froid, nettoyer et casser la glace, isoler, puis fermer proprement et hermétiquement le tout avec de l'inox et du silicone.  Comme l'on m'avait prévenu, je ne ferai pas que des choses en bois, et les chantiers dureront le double de temps par rapport à la France. Je mettrai deux jours à finir.
Mon premier chantier
Pour finir la semaine, l'on me donne ensuite une pompe à silicone, une spatule et me demande si je sais faire des joints. Comme je me débrouille bien, et que je suis bête et discipliné, je gagne le droit de jointer deux façades du bureau technique/météo... C'est bon, le bizutage, c'est fait! Sur l'extérieur de ce bâtiment ont été collé du Reynobond (plaque aluminium colorée/plastique). Il restait donc l'espace entre les poteaux métalliques et le revêtement à combler. J'ai tout de même de la chance, le soleil est de la partie depuis notre arrivée, le températures positives et le faible vent également. Je travaille donc en t-shirt, casquette et lunette de soleil. Ce sont les vacances! J'aide aussi à finir de coller les dernières plaques et de changer les trois dernières fenêtres. L'extérieur du bâtiment est fini pour le moment, La suite se passera cet hiver avec la rénovation complète de l'intérieur.
L'extérieur du bâtiment technique
Je travaille en ce moment sur les meubles pour aménager une chambre médicale dans un conteneur 50 pieds. Ce conteneur est monté sur des patins et sera trainé en convoi à travers la Terre Adélie une fois fini. Les meubles ont été fabriqués par mon prédécesseur, je  m'occupe actuellement du ponçage et du vernis, et de quelques ajustements.
Les vues avant d'aller dormir
Mais comme il n'y a pas que le travail dans la vie, nous avons le temps de nous occuper quand même quelques loisirs: observation de la faune locale, billard, fléchettes, jeux de société, soirée dansante, promenades, réalisation de cadeaux de Noël... Je ne vois pas le temps passer!
La base et un de ses habitants
Je vous présenterai tout ça plus en détail prochainement, l'aventure ne fait que commencer.

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