J’ai eu la chance ce mardi, avec Malik,
gérant postal, d’accompagner Alain, notre technicien météo, pour démonter la
station météo de la piste d’avion de la base, appelée D10. C’est l’aéroport
international le plus austral de France : il accueille pendant l’été les
vols depuis et vers les stations de Concordia (base franco-italienne) et Mario
Zucchelli (base italienne). La piste se
trouve sur le continent, à une dizaine de kilomètres de DDU, au dessus de la
base Prud’homme, à 300m d’altitude. Les installations se composent d’un petit
conteneur accueillant un peu de matériel, d’un traîneau contenant des fûts de
kérosène, d’une piste d’atterisage de neige damée et d’un mât démontable en
fibre de verre de 10 mètres recevant l’anémomètre de la station météorologique.
On est bien loin des installations de Roissy-Charles de Gaulle mais c’est
suffisant pour accueillir un avion par semaine entre novembre et février. Le
dernier vol étant arrivé il y a environ deux semaines et le dernier bateau
devant partir mercredi prochain, il fallait profiter de la présence de
l’hélicoptère pour démonter la station météo pour l’hiver, pour éviter qu’elle
ne soit détruite par les tempêtes ou ensevelie sous la neige. Nous devrons la
remonter fin octobre pour accueillir les avions de novembre prochain.
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D10 International Airport |
Cette station sert à mes collègues de Météo
France à aider l’approche de l’avion et à prévoir la météo de ce site très
proche de nous mais aux conditions de vent très différentes.
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La base vue de D10 |
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Et vue du ciel |
Nous avions donc rendez-vous tous les trois
sur « la DZ du haut », l’endroit où atterrit l’hélicoptère au cœur de
la base. J’ai eu la chance d’être assis sur la place de devant pour le vol
aller. J’étais vraiment content de quitter un peu l’île : la débâcle de la
banquise nous bloque depuis presque deux mois. J’ai également pu mieux découvrir,
grâce au point de vue différent, les
environs de la base dont le glacier l’Astrolabe situé juste derrière notre île.
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L'équipe au travail |
Après quelques minutes de vol, nous sommes
accueillis à D10 par Tito, le responsable de la base Prud’homme. Il est arrivé
avec sa dameuse Kassbohrer. Un de ses collègues, Nicolas, est venu avec un
Challenger à grue, une sorte de tracteur sur chenille.
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Le challenger |
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La dameuse |
Nous découvrons les
lieux, complètement différents du bord de mer auquel nous sommes
habitués : il fait bien plus froid, le vent glacial du sud (changement
d’hémisphère, le froid vient du sud) et la vue sur du blanc à l’infini côté
continent.
Je commence par faire quelques photos du
lieu mais j’ai vite très froid aux doigts : il fait -7°c et avec le vent à
50km/h, le ressenti est de -17°c… Je me mets à l’abri dans le conteneur et
j’aide Alain à démonter les câbles qui relient le panneau solaire et
l’anémomètre. Puis j’attrape la pelle, et je me réchauffe facilement, jusqu’au
point de transpirer, en attaquant le déneigement des points d’ancrage des
haubans du mât. Il a neigé deux jours avant, et la station météo est installée
depuis quatre mois : certains pieux sont accessibles sans outils et
d’autres sont ensevelis sous un mètre de congères de neige et de glace. Une
fois les câbles légèrement détendus, nous avons installé un hauban à la
dameuse. Elle a reculée : le mât a doucement basculé sur l’axe de son
socle pour que nous puissions le récupérer. J’étais chargé de le réceptionner
pendant la descente, j’avais mis mon casque car il y avait des risques qu’il se
démonte pendant la chute. Une fois au sol et sans dégâts, la grue du Challenger
a pu arracher sans problèmes les ancrages du socle. On a fini de ranger le
site, de boucher tous les trous du conteneur pour le protéger des tempêtes de neige.
Tito, avec l’aide de sa dameuse, a créé
une butte de neige et a perché le « terminal international » pour que
l’on puisse le retrouver ce printemps et tout réinstaller.
L’hélicoptère est venu nous chercher dix
minutes après, j’en ai profité pour admirer encore une fois la beauté des
paysages vu du ciel. Une fois sorti de l’hélicoptère à DDU, on a pu se rendre
compte de la différence de température et de vent entre le continent et le bord
de mer. Ce n’est pas pour rien que certains surnomment notre base « la
riviera ». Même si ces derniers
jours, les températures oscillent entre -7°c et – 12°c, accompagnés de 40km/h
de vent. L’hiver et l’hivernage arrivent très vite.
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Retour en hélicoptère |
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